Que les nations se réjouissent, Dieu au coeur de la mission de John Piper

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« Le but suprême de l’Église n’est pas la mission : c’est l’adoration. Si la mission existe, c’est parce que l’adoration n’existe pas. » nous dit John Piper, et il nous l’explique avec passion dans ce livre ! 

Ce n’est pas un livre qu’on lit vite fait en quelques heures. Si je le compare à une opération, c’est plus le style d’opération de 6 heures, une opération chirurgicale faite avec beaucoup de précisions. Piper ne survole pas le sujet mais il prend le temps d’aller en profondeur. La 4e de couverture présente le livre comme « un vibrant plaidoyer » et John Piper ne nous déçoit pas : quand il aborde un sujet c’est toujours avec passion.

Pourquoi la mission ?

Je fais partie des personnes qui pensent que quand on sait pourquoi on fait les choses, ça aide à mieux les faire. Je crois que l’on sait tous que la mission vers les peuples non-atteints est importante mais John Piper replace tout cela dans le plan de Dieu, son but, son désir pour l’humanité : l’adoration, qu’Il soit glorifié. Et c’est beau ! Ce livre renforce notre conscience de la grandeur de Dieu et notre passion pour sa suprématie. L’adoration est l’objectif de la mission (pour les peuples non-atteints) mais aussi le moteur de la mission (pour ceux qui partent en mission).

Je ne m’attendais pas à ce que le livre soit aussi costaud… Chaque chapitre est un petit livre, l’auteur prend vraiment le temps d’expliquer et d’argumenter ces propos. Après ce livre, vous savez plus que jamais pourquoi vous partez en mission ! Ce n’est pas un « pourquoi » qui remplit notre tête de connaissance, mais un « pourquoi » qui nous donne un fondement solide devant toute doctrine contraire et qui fait naître des actes concrets. Il est vrai que John Piper défend bibliquement le pourquoi de la mission et que les différents sujets sont étudiés avec minutie mais ce que j’ai vraiment aimé c’est que cette connaissance nous pousse à l’adoration, à l’obéissance pas à juste en savoir plus pour le plaisir d’en savoir plus et d’avoir une tête bien remplie.

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La prière et la souffrance

J’ai particulièrement aimé le chapitre sur la prière et sa place dans la mission : vraiment encourageant ! Et puis ce que l’auteur dit est valable pour d’autres sujets que la mission. Notre passion pour la prière est renouvelée. Dans un autre chapitre il aborde la difficile question de la souffrance, du coût de la mission, de l’engagement. Vraiment très très bien ! Une partie du chapitre explique en détail six raisons pour lesquelles Dieu destine ses serviteurs à la souffrance

  1. La souffrance rend plus profondes la foi et la sainteté
  2. La souffrance augmente la capacité de notre coupe (récompenses)
  3. La souffrance est le prix à payer pour donner à d’autres de l’assurance (il est vrai que bon nombres de témoignages de missionnaires ayant connu des épreuves et même la mort m’ont toujours fortifiée et donné envie de moi aussi servir et donner ma vie)
  4. La souffrance supplée à ce qui manque aux afflictions du Christ (1 Thessaloniciens 1.5-6)
  5. La souffrance a pour effet l’exécution du mandat missionnaire
  6. La souffrance rend incontestable la suprématie du Christ

J’ai beaucoup aimé la conclusion : oui il y a plein de raisons pour lesquelles nous devons souffrir, j’ai été édifiée par cette partie, mais il finit par dire que ce n’est pas de l’abnégation suprême, tous les témoignages insistent sur la joie des martyrs, sur les bénédictions qu’ils avaient de souffrir pour Christ. Oui je crois qu’il y a des difficultés mais concrètement quelle joie de voir une personne sauvée, une personne restaurée, édifiée, c’est une telle bénédiction que d’être utilisée par Dieu pour accomplir son œuvre, sa mission. Ce n’est pas de l’abnégation suprême, on est bénie et on a beaucoup de joie dans le service.

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Christ au cœur de la foi qui sauve pour tous les « peuples »

Christ au cœur de la foi qui sauve: C’est une chose dont on est le plus souvent convaincu mais l’étude qu’en fait John Piper nous donne « les armes » nécessaires pour être capable de défendre cette vérité. J’aime beaucoup la façon dont il défend chaque point :

  • L’enfer, lieu d’un tourment conscient éternel ? (Ou il y aura une fin à l’enfer car Dieu est trop « bon »?)
  • L’expiation de Christ est-elle nécessaire pour être sauvé ? (Est-il possible d’être sauvé autrement qu’en vertu du pouvoir de l’œuvre du Christ ? )
  • Est-il nécessaire « d’entendre parler » du Christ pour être sauvé ?

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Christ est le seul chemin qui mène au Père et l’évangile doit être annoncé à tous les peuples. John Piper explique la différence entre « à tous les hommes » et « à tous les peuples« . L’évangile est entré dans tous les pays mais pas dans tous les peuples à cause de tribus n’ayant pas le même langage par exemple : 

« Un peuple est donc considéré comme atteint lorsque l’action missionnaire a conduit à la création d’une Eglise indigène ayant la force et les moyens d’évangéliser le reste du groupe. » p 274

C’est vraiment important de le préciser et cela oriente les efforts missionnaires dans le bon sens. Là où les peuples sont atteints, il faut évangéliser, ce n’est plus de la mission dans le sens premier du terme.

 

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Ce qui doit nous animer : la passion pour Dieu et la compassion pour l’homme.

« A la différence de l’évangéliste, le missionnaire est animé du désir ardent d’implanter une communauté d’adorateurs chrétiens au sein d’un groupe ethnique n’ayant pas accès à l’Evangile pour cause de barrières linguistiques ou culturelles. » page 293

Et quiconque aura quitté, à cause de mon nom, ses frères, ou ses soeurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses terres, ou ses maisons, recevra le centuple, et héritera la vie éternelle

«  (…) il est possible de rapprocher les gens du ciel en leur faisant peur, mais il est impossible de faire entrer qui que ce soit au ciel en lui faisant peur. La foi qui sauve est celle par laquelle on reçoit le Christ comme son trésor et non pas simplement comme celui qui peut délivrer du tourment éternel. Il est en effet possible de faire profession de foi en un Christ considéré uniquement comme un moyen d’échapper à l’enfer. Une telle foi ne sauve personne. Jésus a dit : « C’est moi qui suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim et celui qui croit en moi n’aura jamais soif » (Jean 6:35). La foi qui sauve consiste à venir à Jésus pour y trouver l’étanchement de la soif de l’âme. 

Tant que notre âme ne désire pas trouver réellement en Christ le pain de vie et l’eau vive, nous nous servons du Christ pour y trouver ce à quoi notre âme aspire. Bien des gens qui affirment avoir la foi qui sauve ne font en fait que se servir du Christ pour obtenir ce qu’ils veulent en réalité… qui n’est pas le Christ, mais seulement ce qu’il peut nous apporter (un moyen d’échapper à l’enfer, la tranquillité de l’esprit, la santé du corps, une meilleure vie de couple, un réseau social, etc.). Nous sommes sauvés en venant au Christ parce qu’il est non seulement notre libérateur, mais aussi notre trésor… en venant à lui pour tout ce que Dieu est pour nous en Jésus. Faites le test pour vous-même : voudriez-vous aller au ciel si le Christ n’y était pas ? Est-ce lui votre trésor, ou bien ses dons ?

Par conséquent, la compassion doit nous pousser, non pas seulement à avertir nos contemporains de la souffrance que leur réserve l’enfer, mais aussi à les convaincre des plaisirs qu’apporte la connaissance du Christ. (…) » p 297-298

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Bien d’autres sujets sont abordés comme ce qu’est l’adoration, le rapport à l‘argent de l’occident et des pays du sud, tous très bien. Un théologien a écrit ceci sur ce livre  » John Piper plaide pour ses choix sur des sujets controversés entre évangéliques, entre théologiens respectueux de l’Ecriture sainte : il est permis de ne pas le suivre dans ses conclusions, non pas d’ignorer ses raisons« . Il est vrai que John Piper a une argumentation largement basée sur la Bible, c’est une très très bonne étude.

Petit bémol

Je m’attendais par contre à plus de contenus sur le thème de ceux qui « envoient en mission », ceux qui restent « à la base arrière » mais il n’y a que la postface écrite par Tom Steller qui en parle. Ce n’est que mon avis mais j’aurai souhaité beaucoup plus !

La quatrième de couverture indique que c’est un livre qui s’adresse principalement à ceux qui sont impliqués dans la mission, les étudiants en théologie, les pasteurs, les enseignants etc. je trouvais cela dommage, beaucoup donc ne se sentiraient pas concernés. Et en lisant ce livre cela a confirmé ce que je pensais : il est utile à vraiment tout le monde !

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Cela reste du John Piper, ce n’est pas un ouvrage qu’on lit juste comme ça, c’est une étude approfondie et ce n’est pas le genre de livre que l’on prend pour se détendre quand on est à la plage, il faut être concentré. Mais il en vaut la peine, largement. On en ressort plus que passionnée pour l’œuvre de Dieu dans le monde et on a envie de s’exclamer : Ouique les nations se réjouissent !

 

Vous pouvez vous procurer ce livre aux éditions BLF ou dans les autres librairies chrétiennes.

 

Et vous ? Vous pensez quoi de la mission ? Peut être avez-vous lu ce livre ou un autre sur le sujet ?

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