La famille : quand vient le deuil d’un idéal

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Je vous partage cette semaine le témoignage de Nathalie : après avoir vécu une situation douloureuse au niveau familial, Dieu lui a mis à cœur d’écrire ce texte afin de guérir elle même et d’encourager d’autres familles qui passeraient par là. Elle nous parle de rêves et d’idéaux, de colère et de tristesse mais aussi d’espérance et des promesses de Dieu. Bonne lecture ! 

Une famille c’est une maisonnée, un nid douillet ou l’amour, la joie et l’harmonie règnent. Jamais de discorde, d’attente et de déception. Chaque personne est accueillie, aimée, considérée. Tous se sentent en sécurité.

Mais hélas, on ne choisit pas ses parents ni ses frères, ses sœurs et même pas le moment de sa naissance. Par contre, comme couple, le désir d’ajouter des petits êtres à la famille devient un choix réfléchi et enthousiasmant. L’anticipation de voir la binette de notre enfant, de pouvoir le cajoler, le bercer, l’aimer est à son apogée.

Je peux dire que pour moi une famille n’était pas du tout ce portrait. Dès mon jeune âge, l’instabilité, la peur, la honte, l’abandon ont fait partie de mon quotidien. Mes parents étant eux-mêmes souffrant, se blessant mutuellement ont choisi de divorcer. Je n’avais que 7 ans.

Je n’ai donc pas connu, les belles tablées, les discussions joyeuses, un papa ou une maman qui me borde le soir ou qui vient sécher mes larmes pour me rassurer. J’ai donc grandi en convoitant le bonheur de mes amies.

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Quant à mon mari, enfant unique, sans frère et sœur avec une mère dévouée mais préoccupée et épuisée de devoir s’occuper seule de son fils. Un père absent, alcoolique, peu communicatif. Les jours étaient sombres et inquiétants ne sachant jamais l’humeur du père. Il grandit donc dans ce contexte qui a laissé des traces du au stress et à l’insécurité.

Nous avons tout de même décidé de fonder une famille malgré tous nos manquements émotionnels. Nous avons donc eu la joie d’avoir deux enfants, une fille et un garçon. Quelle bénédiction, Dieu nous accordait la joie d’être parents.

Nous voulions le meilleur pour eux, bonnes valeurs,  bonne école, bonne éducation, bonne manière, bons amis bref tout ce que nous pouvions faire pour qu’ils grandissent en maturité, en sagesse. Nous invoquions Dieu dès leur jeune âge, chaque jour ou presque le temps du culte familial faisait partie de nos bonnes habitudes. Nous y mettions tout notre cœur par la diversité, la créativité, la participation. Nous voulions réellement leur donner le maximum afin qu’ils connaissent Christ et fassent les meilleurs choix.

Tout allait bien, les enfants respectaient ce que nous demandions, ils allaient à l’église, à la jeunesse et même servaient pendant l’été dans un camp chrétien.

Nous étions une belle petite famille avec des enfants obéissants jusqu’à ce qu’un jour notre fils nous annonce qu’il veut partir à l’aventure; faire le tour du monde. Mais quelle surprise ! J’étais bouche bée , tout se passait si vite dans ma tête , le stress de ne plus être au contrôle de rien, la peur qu’il lui arrive je ne sais quoi ou qu’il vive des choses qui pourraient l’éloigner de Dieu.  Mais que pouvais-je faire ? Il était majeur et vacciné ! Je ne pouvais pas l’attacher à une chaise à cause de mes craintes. J’ai dû donc abdiquer et accepter son choix en l’encourageant et en priant pour lui. Il est donc parti en nous disant qu’il était dans les mains de Dieu, que nous n’avions pas à nous inquiéter, que tout irait bien. Durant son escapade, nous n’avions que très peu de contact car là où il allait c’était difficile de se communiquer, très peu de réseau internet.

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Après 10 mois, loin du nid familial, il revenait !  C’était un nouveau jeune homme, étiré, amaigri avec des idéaux et des pensées transformées. Oui, il découvrit le monde et ses attraits, que d’aventures et de mésaventures ! Ce fut une expérience inoubliable. J’étais très heureuse de le revoir, enfin il était de retour !!! Mais à mon grand désarroi, j’ai eu de la difficulté à l’accueillir à bras ouvert, simplement parce qu’il avait l’apparence et l’odeur qui me freinaient. J’ai regretté mon attitude, j’étais déçue de pas avoir profiter de ces instants qui étaient si précieux.

Les jours ont passé et un soir il a pris son courage à deux mains et nous a dit à son père et moi que la foi chrétienne n’était pas pour lui. Il ne croyait pas en Dieu et il était conscient qu’il nous décevait, nous attristait et que pour nous dans nos croyances, il irait en enfer. Il était prêt à assumer sa décision. Ce fut un choc ! Un coup de poignard dans le cœur. Mon rêve volait en éclats. Je ne m’étais jamais préparée à cette éventualité, c’est bizarre, je le savais rationnellement que ce n’est pas moi qui sauvait et que même si mon mari et moi nous nous étions impliqués à instruire nos enfants dans les voies du Seigneur, il n’y avait aucune garantie… Le savoir et le vivre, c’est deux choses !

À partir de ce moment, on dirait que je me suis éteinte à petit feu. Je ne réalisais pas que je vivais les étapes du deuil. Je pense être passée par la gamme de toutes ces émotions.

Au début, ce fut le choc, ensuite le déni, je tentais de minimiser, de me dire que c’était seulement passager, il allait revenir à lui-même, c’est impossible que ça arrive. Par la suite, ce fut la frustration et la colère qui ont fait leur entrée …

Il venait de péter ma baloune de famille idéale marchant dans les voies du Seigneur, le summum que tout parent désire ! Ce n’est pas mal en soi d’espérer cela pour sa famille à moins que ça devienne une sorte d’idolâtrie. Une idole c’est ce qui prend trop de valeurs dans nos vies et lorsque cela nous est enlevé ou est détruit , on devient anéanti et angoissé… L’ennemi me gardait dans ce mensonge. Alors, quand tout s’est écroulé, ce fut la catastrophe, la honte et l’orgueil en a pris un coup… Je craignais de dire aux gens que mon fils ne vivait pas pour le Seigneur. Par peur du jugement, je tentais d’éviter la question. J’en étais venue à me distancer de mon fils car j’avais trop mal et j’étais déçue de ses choix. 

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La tristesse devient malheureusement un obstacle à la relation, une sorte de paralysie qui t’empêche de faire ce qui est bien. Tout ce que je voulais était une belle relation mère-fils mais au lieu de cela je creusais mon trou, je m’enlisais.

Un week-end, nous avons payé tous les frais pour que notre fils, sa copine et même son chien viennent au Québec (car il a choisi de s’installer très très loin de la maison soit au Yukon) et nous sommes partis toute la famille (incluant ma fille et mon gendre) dans un chalet.

Au départ, ce n’était pas évident car nous étions tous un peu maladroits et mal à l’aise mais mon mari et moi désirions réellement démontrer de l’amour et reconstruire des ponts. Ce fut la meilleure décision, un rendez-vous divin nous attendait. J’ai eu l’occasion d’être seule avec mon fils dans l’auto pour le retour à la maison, ça m’a permis de m’ouvrir et lui demander pardon de l’avoir mal accueilli lors de son retour d’autour du monde… Il m’a dit qu’il ne s’était pas du tout rendu compte de cela… c’est fou les perceptions ! Je gardais cette culpabilité et ces mauvaises émotions et pourtant lui n’avait pas été affecté… J’étais tout de même heureuse de pouvoir clarifier cela avec lui car moi je savais que mon cœur n’avait pas été pur. Quel soulagement et quel poids fut tombé. Nous avons discuté en toute franchise, sans barrière. Je crois que ce fut un nouveau départ pour moi et pour lui. Il s’est senti accepté, aimé même s’il savait que nous n’étions pas en accord avec ce qu’il devenait. Lorsque nous repensons à l’histoire du fils prodigue, ce qui l’a poussé à retourner vers son père c’est simplement qu’il s’est rappelé l’amour du père. Nous voulons donc poser ces gestes qui feront la différence. Aimer, donner, sans rien attendre en retour.

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Dieu dans sa grâce a opéré en moi des changements, il a fait tomber des jugements. Mon cœur a cru en la souveraineté de Dieu même si pour l’instant c’est toujours statu quo, je sais que Dieu m’aime et il l’aime autant plus que moi. Ses plans sont parfaits. Oui la souffrance bouleverse mon quotidien mais il m’amène à ressentir mon besoin du Dieu de l’univers, mon Père Céleste. Sa providence attendrit la panique de ma vie et mon désespoir s’évanouit.

Notamment, cela a attendri mon cœur envers ceux qui vivent la même chose que nous, je peux les comprendre, ne pas les juger et prier pour eux. On ne connaît pas réellement les tréfonds de l’autre mais on peut compatir et combattre avec lui dans la prière. Quel encouragement de savoir que d’autres soldats sont aux pieds du Père pour intercéder pour nos enfants car quand vient le désespoir, le découragement ou le manque de persévérance, nous savons que nos frères et sœurs prennent le flambeau. Merci Seigneur pour la grande famille.

J’espère en l’Eternel et je m’attache à ses promesses. Mon fils est un amoureux des montagnes, dans la nature, il s’épanouit. Dieu a parlé très souvent à des hommes lorsqu’ils étaient sur la montagne. Je souhaite qu’un jour au sommet d’une montagne au Yukon que Samuel ait cette rencontre divine, un face à face avec son créateur.

Dieu est le même hier, aujourd’hui et demain. Je m’attends donc à l’Eternel, un jour notre fils nous racontera son histoire de son indifférence, sa fuite et son retour. Oui l’Eternel est Grand et Tout-puissant, il est capable de tout faire, à Lui soit la gloire ! Je veux donc prier ces promesses…

La promesse est pour vous, pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera.-Actes 2:39- 

Voici mon alliance avec eux, dit l’Eternel: Mon esprit, qui repose sur toi, Et mes paroles, que j’ai mises dans ta bouche, Ne se retireront point de ta bouche, ni de la bouche de tes enfants, Ni de la bouche des enfants de tes enfants, Dit l’Eternel, dès maintenant et à jamais.-Ésaïe 59:21- 

Voici ce que dit l’Eternel: Retiens tes pleurs ainsi que les larmes de tes yeux, car il y aura une compensation pour ta peine, déclare l’Eternel. Ils reviendront du pays de l’ennemi. -Jérémie 31:16-

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Nathalie habite au Québec, elle est mariée à un homme merveilleux depuis 29 ans. Maman de 2 enfants et grand-maman de deux enfants. Elle est dans le ministère avec son mari depuis plus de 25 ans. Il a été pasteur dans différents contextes et maintenant il est directeur d’un séminaire (Sembeq) pour la formation des pasteurs. Nathalie travaille sur appel dans une résidence pour aînés comme réceptionniste : Dieu lui a donné une belle occasion de partager sa foi avec des capsules vidéos que les résidents peuvent écouter sur le poste de tv communautaire. Une belle bénédiction en ce temps de Covid.

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On a toutes autour de nous des adultes nés dans une famille chrétienne qui ont choisi de suivre une « autre » voie et on ne peut être insensible. Je profite de ce récit pour nous encourager à prier et soutenir ces familles autour de nous.