mai 21, 2018

Noëmy Zimmermann responsable de la Maison de la Bible Genève

Ludivine Rencontre librairie, métier 4 Commentaires

J’ai eu la joie de rencontrer Noëmy il y a 1 an maintenant. Elle est responsable de la Maison de la Bible à Genève et passionnée par son métier ! Elle a bien voulu répondre à quelques questions sur son parcours et son métier dans cette interview. Bonne lecture !

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Noëmy Zimmermann, j’ai eu 30 ans, un cap que j’ai passé en famille avec mon mari et ma fille qui vient d’avoir 1 an. Je suis née et j’ai grandi à Genève en Suisse, au bout du lac Léman. J’ai presque toujours habité là, sauf lors d’une année où j’ai vécu près de Winterthur en tant que jeune fille au-pair. J’avais 20 ans environ, je ne savais pas exactement ce que j’allais faire dans ma vie professionnelle. Je venais de d’arrêter une formation à l’uni et j’ai découvert plus précisément ce qu’est le monde de la librairie et j’en ai fait mon métier.

Comment as-tu rencontré Jésus ? Quelle est ton histoire avec le Dieu de l’univers ?

J’ai eu le privilège de naître dans un foyer chrétien et j’ai découvert Dieu dès le plus jeune âge. J’ai grandi dans ma foi et dans une intimité toute particulière avec Jésus en même temps que j’ai traversé les saisons de la vie, les étapes classiques – école, formation, travail- et aussi certaines épreuves. J’ai perdu mon papa adolescente alors je crois que j’ai décidé assez vite de connaître Le Père et c’est une rencontre que je n’ai pas fini de faire, une relation durable qui est au cœur de ma vie, qui me conduit et que je suis quotidiennement.

Quel est ton métier ?

Aujourd’hui je travaille depuis plus d’un an comme responsable de la librairie La Maison de la Bible à Genève. J’ai effectué des études de libraire, d’abord en librairie générale où j’ai appris concrètement le métier de libraire, puis j’ai poursuivi en tant que collaboratrice à la Société Biblique-La Maison de la Bible, il y a maintenant 6 ans. Je ne planifiais ma vie professionnelle point par point, mais j’ai toujours voulu servir Dieu et travailler intentionnellement pour produire un fruit durable. Je trouve avec le recul que de lui avoir fait confiance à chaque étape est réellement la meilleure décision et je continue de vivre ainsi, du moins j’essaie, parce que je suis convaincue de ne pas vivre en vain.

Pourquoi as tu choisi le domaine de l’édition chrétienne pour ton métier ? Quel est ton parcours ?

D’aussi loin que je me souvienne j’ai toujours eu un livre en main, d’abord, bébé je les mangeais, puis j’ai petit à petit développé un vrai goût de la lecture. Adolescente cette passion des livres ne me lâchait pas, mais j’avais d’autres envies professionnelles (l’art et l’enseignement). Je me laissais porter par le courant des études classiques (Matu, Uni, diplôme) croyant que c’était ma voie et puis finalement en étude je me suis un peu perdue. En 2007 j’ai alors pris un temps de pause, loin de la maison, une année comme jeune fille au-pair pour me frotter à la vie et prendre du temps avec Dieu pour savoir quel chemin prendre. J’ai consacré du temps à chercher un domaine de formation et j’ai découvert le monde de la librairie, les stages et la formation pour en faire un métier. Très vite c’est  devenu une évidence et j’ai sauté le pas. Quelques mois plus tard j’entrais en formation pour obtenir un diplôme de libraire (CFC en suisse).

Une fois cette étape passée, je savais que je voulais me former pour travailler pour et avec Dieu. Dans l’église ? Auprès des jeunes ? Je ne savais pas trop ! A ma sortie de formation et après quelques mois en librairie séculipre, une opportunité s’est présentée à la Maison de la Bible à Genève et j’ai saisi l’occasion. Je pensais que j’entrais dans un temps de formation ponctuel, que j’allais très vite partir vers autre chose, mais quelques mois après j’ai clairement ressenti que c’était l’endroit où Dieu me plaçait. Depuis j’y reste croyant que j’ai quelque chose à apporter, pleins de défis à relever et des quantités de choses à transmettre et aussi à apprendre, on a jamais fini d’être formés !

Je crois que c’est plus le métier qui m’a choisie, moi je suis restée par obéissance et aussi parce que j’aime bien finir ce que je commence ; et j’ai encore l’impression d’être au commencement. En tant que libraire, on apprend en formation (entre autre) qu’il faut savoir être polyvalent, multi-task . On a des clients à servir, le magasin à gérer et les livres à ranger bref on ne reste jamais sans rien faire. On doit penser à nos objectifs pratiques et logistiques et pourtant on doit savoir trouver du temps pour accueillir et servir un client, le conseiller et prendre du temps avec. Pour moi c’est le reflet de nos vies, de notre marche de chrétiens : on a tous des objectifs qu’on veut atteindre et en même temps des « interruptions ». On apprend alors à définir nos priorités, garder un certain équilibre et choisir d’avancer. Avec l’expérience on acquiert des outils pour fonctionner plus efficacement, mais la décision nous appartient toujours.

Quelle est ta vision pour ce métier ?

En librairie on a l’occasion de rencontrer beaucoup de gens de milieux très différents, de conseiller, d’accompagner et de passer le relais ensuite, soit à des pasteurs, des églises, des associations parfois. Je considère que notre mandat c’est de promouvoir, conseiller et vendre des ouvrages et articles au contenu pertinent pour des chrétiens, des églises et  des personnes en recherches, indépendamment d’où elles viennent. Mais nous sommes aussi responsable d’être le Sel et la Lumière du monde. Avec mon équipe nous travaillons sans cesse dans ce sens en développant tout ce qui est entre nos mains pour que cela soit rendu visible et concret dans notre quotidien.

Nous sommes responsables de continuer d’avancer et de tendre vers une excellence qui glorifie notre Père tant dans notre fonctionnement du métier que dans notre façon de l’exercer. Ne pas céder ni au perfectionnisme ni au laxisme. C’est pour cela qu’il me semble bon de se rappeler régulièrement quelles sont notre mission et notre vision afin de réajuster nos buts. Tout dernièrement je lisais le livre de Tim Challies « Faire plus. Mieux. » qui m’a encouragée dans ce sens alors que j’étais en réflexion personnelle. Il ne s’agit pas de faire sans cesse plus, mais il s’agit de pouvoir accomplir l’entièreté de ce pourquoi nous sommes sur terre et de l’offrir comme une adoration à Dieu.

La Grâce de Dieu est justement là pour nous donner la capacité d’accomplir ce que tout seul nous ne parvenons pas à accomplir. Et Sa Grâce intervient quand nous reconnaissons que sans lui nous ne pouvons rien faire. La société dans laquelle nous sommes est avide de performances et beaucoup en arrivent à se perdre, je ne veux pas que cela soit mon cas ni celui de mon travail. Nous sommes dans le monde, mais nous ne sommes pas du monde (Romains 12 :2) ;  nous sommes invités à nous conformer à un royaume différent. C’est cela qui me passionne et qui habite aussi mes collègues à Genève. Travailler à développer une autre manière d’être et de faire dans le monde professionnel, encourager le gens à s’engager pour incarner et diffuser l’évangile là où nous sommes placés et devenir un témoignage vivant auprès de la jeunesse qui voudrait se former professionnellement dans le monde du livre.

 Quels sont les défis en tant que libraire dans une librairie chrétienne ?

La technologie évolue très vite, mais le livre et son contexte tel que nous le connaissons a déjà plus de 500 ans et avec la Réforme l’impression a vu le jour. Alors je crois qu’il y a encore un avenir pour l’édition et les ouvrages bibliques. L’un de nos défis aujourd’hui c’est d’envisager l’avenir avec des procédés nouveaux, de la créativité et un savoir faire en mutation afin de continuer à œuvrer pour l’essentiel de ce métier : conseiller, proposer, transmettre et vendre un contenu centré sur l’Evangile et sur la Parole de Dieu.

Merci à Noëmy pour cette interview ! Pour moi qui aime les livres, je trouve ce métier très beau ! Petit clin d’oeil aussi à un autre membre de l’équipe de Genève, ma très chère Anne-Laure 🙂 . Ma prière est que Dieu bénisse encore beaucoup de monde à travers cette belle oeuvre à Genève. 

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