janvier 24, 2017

Vol suspendu – La fidélité de Dieu

Ludivine Lecture fidélité 10 Commentaires

Voici un article un peu différent sur le blog  : l’histoire d’un homme qui expérimente la fidélité de Dieu à quelques milliers de km de chez lui à New York. C’est un article différent puisque cette histoire est une fiction, une nouvelle, que j’ai écrite il y a quelques années. Bonne lecture 🙂  

8h30, mardi dans un taxi, New York : le premier jour de ma nouvelle vie. Le jour de la récompense de tous mes efforts. Le soleil brille, le ciel est bleu, Dieu est bon, Dieu est grand.

Moi François, je suis un homme heureux et béni, ma mission aux états Unis s’est achevé hier, mon patron est content. Mes recherches ont été fructueuses : je rentre en France définitivement, fini les allers retours, c’est ma femme qui sera contente. La promotion qui me permettra de rester en France, je l’ai, enfin.

Ma femme doit accoucher dans quelques jours, elle est bientôt à terme. Tout est parfait, synchronisé. J’ai une dernière marche à monter vers ce bonheur, un avion qui me ramènera chez moi, décollage à 10h.

Les buildings défilent, New York fut une belle expérience, mais cela ne me manquera pas. J’ai envie de retrouver ma femme, accueillir notre fille, rentrer chez moi, chez les miens.

Des klaxons soutenus me sortent de mes pensées : le chauffeur m’informe qu’il y a eu un accident et que l’on mettra plus de temps pour arriver a l’aéroport à cause d’un embouteillage. Trop de temps à mon goût, les minutes passent et on avance difficilement. Je regarde ma montre constamment, jusqu’à notre arrivée.

Nous arrivons enfin, je m’engouffre dans le hall de l’aéroport et me dirige vers la zone d‘enregistrement, j’en connais maintenant le chemin par cœur. Je vois sur le panneau d’affichage que les enregistrements sont clos depuis 10 min. La déception m’envahit mais je me reprends très vite, je prendrais le prochain vol.

En allant faire la queue pour avoir un nouveau billet, je me rends compte que j’ai plusieurs appels en absence : dans ma course effrénée je n’ai pas entendu le téléphone sonné, ma femme avait essayé de me joindre. « Elle partagera ma déception » me suis je dis, «  nos retrouvailles ne seront décalées que de quelques heures ! «  Je la rappelle mais n’ayant même pas le temps de lui expliquer ma mésaventure, elle me dit avec une certaine anxiété dans la voix, qu’il y a un souci.

« A l’écographie ils ont décelé un problème, il va falloir provoquer l’accouchement demain ! Je suis angoissée, j’ai hâte que tu arrives, j’ai besoin que tu sois là. » J’essaie de la rassurer : « Dieu contrôle nos vies, tout va bien se passer ». Je lui annonce que j’ai raté mon avion mais que je suis en train de prendre une place sur le prochain vol : je serai là à temps. Mon tour arrive, je dois raccrocher.

Une hôtesse souriante me fait face, je lui dit : « Je dois absolument prendre le prochain avion pour Paris » En lui expliquant l’urgence de la situation. Elle pianote un moment sur son clavier mais son regard me laisse deviner ce qu’elle va m’annoncer : « Désolé, Monsieur, il n’y a plus de place dans le prochain vol de 14h, mais je peux vous placer sur le vol de demain matin. » Je me sens impuissant, que faire ? Ai je le choix ? « Seigneur pourquoi ? Ma femme a besoin de moi, tu le sais je ne t’apprends rien. »

Le téléphone sonne à nouveau, comment vais je l’apprendre à ma femme ? Je n’ai pas le temps d’y réfléchir, je lui dis juste que je ne pourrai partir que demain. Ses parents sont aussi en voyage et ne pourront être rentré, elle se sent seule et j’ai l’impression de ne pas pouvoir remplir mon rôle de mari, j’aimerais tellement être là pour la réconforter. Nous devrions vivre cette épreuve ensemble. Notre premier enfant va arriver demain, avant terme et ma femme va le vivre seule.

Je m’assois sur les sièges de l’aéroport, à ce moment là, un sentiment de révolte s’empare de moi, révolte contre Dieu, je m’en sens coupable mais je n’arrive pas à m’en défaire : « C’est injuste Seigneur, tu es censé m’aimer, m’aider, arranger ce genre de situation !!! » Ce matin, je me sentais béni, porté par un Dieu qui me comblait, maintenant je me sens démuni.

Un homme assis près de moi, m’a l’air bien pensif, peut être aussi embêté que moi. Son téléphone sonne et il répond… en français ! Une fois son appel terminé, je fais une tentative d’approche. Ce n’est pas mon style d’aborder des gens que je ne connais pas mais là, un peu de chaleur humaine et française en plus, me ferait le plus grand bien: « Bonjour, je vous ai entendu parler en français, vous êtes de quelle région de la France ? » Nous bavardons quelques minutes et de fil en aiguille nous arrivons à un ami commun, c’est aussi pour moi un frère dans la foi : 

• « comment l’avez vous rencontré ? »
• « Nous avons fréquenté la même église dans notre jeunesse » me répond il.

Mon interlocuteur serait il chrétien ? Il me répond par l’affirmative ! Une chaleur humaine française et chrétienne, que demander de plus !

J’en arrive à lui expliquer pourquoi je suis bloqué à l’aéroport et la situation de ma femme. Heureuse coïncidence, sa femme est sage-femme dans la maternité où est admise mon épouse. Il appelle sa femme pour qu’elle puisse passer voir la mienne et la réconforter, elle est de service en ce moment même.

Je remercie avec enthousiasme mon nouvel ami, lui promettant de lui rendre ce service : « Comment puis je vous remercier ? » mais il me répond : « Vous êtes déjà une réponse à une prière ».

Je suis perplexe, moi une réponse ? Il poursuit ainsi : « Je disais à Dieu que je voulais être plus disponible pour lui mais je torturais mon esprit sur le « comment être utile ». Dieu m’a répondu à travers vous, il suffit juste d’être au bon endroit et Dieu place sur notre route des personnes qu’Il désire que l’on aide, des œuvres préparées d’avance ».

Moi qui reprochais à Dieu ma situation, et que son rôle était de m’aider, je rencontrais cet homme qui se reprochait de n’être pas assez utile à son Dieu… Nous nous quittons, lui doit prendre le vol de 14h.

Une mère et son fils s’installent en face de moi. Le petit garçon s’approche de moi, joyeux : il a l’air d’être le plus heureux de tous les enfants avec son petit sac à dos et son sourire. Il veut partager sa joie avec moi et me tends la feuille qu’il tient depuis un moment précieusement entre ses mains : « J’ai dessiné mon jardin, là tu peux voir mon nouveau vélo, il m’attends, mon papa m’apprendras à en faire dès mon retour » Sa joie simple me touche et je décide de le taquiner un peu : « Comment sais tu qu’il y a un vélo qui t’attends dans ton jardin ? »

L’enfant me regarde comme étonné devant mon incrédulité et tiens à me rassurer : « Je le sais car mon papa me l’a dit » Son assurance me fait sourire, il apprendra tôt ou tard que les parents ne peuvent pas parfois honorer toutes leurs promesses ! Mais mon cœur est touché par le regard de ce petit garçon, il me fixe comme désolé pour moi, comme ayant compassion devant l’incrédulité dont j’ai fait preuve envers son « père ».

Puis cette pensée me saisit : « Et moi, mon Père, mon Dieu, lui qui est infaillible, m’a promis d’être toujours avec moi, ne devrais je pas avoir plus de foi, y croire encore plus ? Contrairement au père de ce garçon, il est parfaitement sur, on peut compter sur lui. » Finalement la foi de ce garçon pour son père faillible paraissait plus forte que ma foi pour mon Père infaillible.

J’ai décidé alors de VRAIMENT lui faire confiance, je lui ai remis mon épouse, l’enfant à naître et ma situation à New York. Une paix remplit mon cœur. Je me sens de nouveau béni et heureux mais cette fois ci, pas à cause des circonstances mais parce que je suis un enfant de Dieu et que ma vie est entre ses mains, quoi qu’il se passe.

L’hôtesse (ou l’agent d’accueil) que j’ai vu en arrivant, m’interpelle : « Monsieur, j’ai une bonne nouvelle pour vous ! Il y a une annulation sur le vol de 14h, vous pourrez être là pour l’accouchement de votre femme ! » Je n’arrive pas à le croire ! Merci Seigneur ! Je vais pouvoir être à l’accouchement, quel soulagement ! Je m’empresse d’appeler ma femme pour lui annoncer, « Dieu est grand ! » s’exclame t’elle.

En embarquant dans l’avion, j’entends deux hôtesses discuter à propos du vol de 10h : « Ils ont du atterrir d’urgence peu après leur décollage à cause d’un dysfonctionnement grave, ils ne repartiront que demain matin… »

Je m’installe dans mon siège et je médite sur cette journée riche en enseignements. Je pensais que Dieu n’avait pas réalisé que prendre le vol de 10h était important pour ma femme et moi, qu’il n’avait pas géré cet imprévu, cet accouchement avancé. Mais bien au contraire, il savait toutes ces choses avant moi et avait conduit les circonstances parfaitement bien, tel un chef d’orchestre.

Alors même que je commençais à stresser dans ce taxi ce matin, il savait que ma femme allait accoucher prématurément et qu’il ne fallait pas que je prenne ce vol de 10h qui ne serait pas arrivé à temps. Peut être aurait il pu faire en sorte que ce vol n’est pas de problème ? Mais les leçons apprises sur le siège de cet aéroport sont précieuses pour ma foi. Malgré mon infidélité, Dieu demeure fidèle.

Dieu est fidèle, rien ne le perturbe, sa constance me rassure. Et puis on le dit toujours mais là je le vis : « Tout concourent au bien de ceux qui aiment Dieu et qui sont appelés selon ces desseins » !

( œuvre certifiée originale, personnelle et inédite )